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Il nous a semblé intéressant de revenir sur un sujet important pour tout pratiquant soucieux de sa sécurité (et, éventuellement, de celle du groupe qu’il emmène…) : les outils d’aide à la décision. La question se pose dès lors que l’on évolue en dehors des pistes balisées, que l’on soit professionnel ou amateur, skieur hors-piste, surfeur ou randonneur, à ski ou à raquettes : y aller ou pas, et si oui avec quelles précautions ?
Tous ces outils ont un point commun : ils cherchent à fournir un cadre structuré pour l’observation, l’analyse et la réflexion, avant toute prise de (bonne) décision.
La formule 3x3 de Werner Munter, une méthode pionnière qui date du début des années 90, a été complétée, et elle en a suscité d’autres.
De simples outils d’aide, on est progressivement passé à de vraies méthodes de réduction, cherchant parfois à quantifier une série de paramètres, à en évaluer le poids et à définir des règles de comportement (espacement, variantes, renoncement) adaptées à la situation.
Ces articles entendent simplement proposer quelques éléments d’information et de réflexion et, peut-être, provoquer chez le lecteur/pratiquant la remise en cause de certaines habitudes ou/et de certaines certitudes.
Sans prétendre répondre à la question de l'existence ou non de la méthode idéale (mais si elle existait, cela se saurait...), on peut proposer quelques éléments de réflexion susceptibles d'orienter le choix de chacun.
••>> Il est bon de savoir que même les méthodes qui semblent les plus simples ont fait l'objet d'un profonde réflexion lors de leur mise au point, et que leur apport sur le terrain, en termes d'efficacité, a été évalué de manière très sérieuse. Cela n'empêche qu'elles ont souvent fait l'objet de critiques (voir Neige et Avalanches n°87, 89 et 91), quant à leur pertinence, au bien-fondé de tel ou tel critère ou à la façon de réduire le risque. Mais il ne faut pas oublier que leur but essentiel est la réduction concrète de la prise de risque sur le terrain. L'emploi de n'importe laquelle de ces méthodes, même si elle est imparfaite, impliquera une diminution réelle du risque pris. On pourrait même aller plus loin et affirmer qu'il y a de grandes chances que, même si elle n'est pas utilisée tout à fait comme elle le devrait, toute méthode aboutit sur le terrain à une prise de risque moindre.
••>> Ces méthodes apparaissent souvent complexes et longues à mettre en œuvre pour le profane. Elles nécessitent en effet un temps d'apprentissage initial ainsi puis un temps de mise en œuvre lors de chaque sortie sur le terrain. Le risque est donc grand de les voir rejetées.
Ces temps varient cependant selon les méthodes. Le pragmatisme amène donc à penser qu'il vaut mieux utiliser une méthode un peu trop simple (« simpliste » diront certains) que pas de méthode du tout : le résultat, en termes de prise de risque sur le terrain, en sera toujours meilleur.
Sur le même plan, le temps nécessité par chaque méthode et la « précision » de chacune d'elles sont assez liés : une méthode plus complète qu'une autre demandera aussi plus de temps pour son application (et de connaissances en nivologie ainsi qu'une certaine capacité à observer). Les méthodes de réduction les plus complètes seront ainsi utilisées plutôt par les professionnels, ainsi que par des amateurs passionnés ou particulièrement sensibilisés au risque avalanche, et les méthodes plus simples par tous les autres.
••>> Le principal danger de ces méthodes paraît être plutôt de vouloir les utiliser pour répondre à la question « j'y vais » ou « je n'y vais pas ». Car elles ne constituent en fait qu'un outil d'aide à la décision, un outil de plus pour répondre à cette question, au même titre que le bulletin d'estimation du risque d'avalanche, les informations recueillies sur Internet, l'étude de la carte, l'observation sur le terrain, les tests de stabilité que l'on aura effectués, etc.
••>> Une autre utilité, et non des moindres, de ces méthodes est leur aspect pédagogique, à savoir une sensibilisation à la nivologie, ainsi qu'une incitation à se poser des (bonnes) questions.
••>> Enfin, ces outils nivologiques, dont l'approche et le fond sont, plus ou moins, mais globalement de type scientifique, ne doivent pas faire oublier les « pièges de l'inconscient » dont chacun de nous peut être la victime (voir l'article « Avalanches et prises de décision : les raccourcis qui tuent » - Neige et Avalanches n°109). L'analyse des témoignages d'avalanche que la revue publie régulièrement montre en effet que ceux-ci sont pratiquement toujours en cause dans un accident. On est ainsi amené à penser que ces pièges sont aussi importants, voire plus, que ceux liés à la nivologie..., ce qui ne veut pas dire pour autant que ces derniers doivent être négligés !
Elle a été mise au point au début des années 90 par Werner Munter (note 1 - Les notes ne sont pas de W. Munter mais elles renvoient à des commentaires d'utilissateurs).
Elle consiste à s'interroger sur trois séries de variables :
les conditions (ciel, neige), le terrain et l'homme, à trois niveaux spatiaux et temporels successifs : général, local, zonal.
le niveau général correspond à la préparation de la course chez soi ;
le niveau local correspond à la conduite de la course : choix de l'itinéraire et de la trace ;
le niveau « zonal » porte sur le choix optimal de la trace, la conduite à tenir et les mesures de sécurité à adopter dans tout passage suspect.
À chacun de ces niveaux d'analyse, il faut répondre à la question « compte tenu de ces différents éléments, est-ce que je peux y aller ? ». Si l'on répond positivement, on passe au niveau suivant. Cette démarche correspond au processus classique de la gestion du risque en montagne : repérer le danger/ l'analyser/ le minimiser.
Conscient des imperfections et des limites de sa formule 3x3 (lourdeur, complexité), Munter a voulu aller plus loin en mettant au point une méthode simplifiée complétant cette formule et répondant aux conditions suivantes :
En 1999 était présenté le NivoTest, premier outil pratique d’aide à l’estimation du risque avalanche sur un itinéraire de montagne, facilitant une analyse rationnelle, non perturbée par l’enthousiasme ou l’appréhension. Après treize ans de service, il fait place aujourd’hui au NivoTest 2.
Le NivoTest 2 est un outil d'aide à l'estimation du risque d'avalanche sur un itinéraire de montagne. Il vise donc à faciliter l'analyse d'un risque local et constitue ainsi un complément utile au bulletin avalanche dont la portée est plus régionale.
Nous présentons ici la méthode sur laquelle les guides poursuivent leur réflexion actuellement. Il est donc possible qu’elle voit des modifications ou des compléments dans l’avenir.
Chacun peut s’il le souhaite et sous sa propre responsabilité, l’utiliser en prenant en compte les critères proposés et en la complétant d’autres outils d’aide à la décision.
Cécile Coléou
Météo-France / Centre d'Étude de la Neige
Lorsque la visibilité est bonne, l'observation du manteau neigeux peut commencer bien avant d'être sur la pente donnée. Des signes d'activité avalancheuse récente, les principales zone d'accumulation, de neige fraîche ou de neige transportée par le vent peuvent être observés de loin. L'observation doit se poursuivre le long de l'itinéraire, en remarquant de détails comme l'épaisseur de neige fraiche et sa régularité, la présence de corniche, des traces d'avalanches, les effets du vent sur la surface de la neige, pour n'en citer que quelques-un. À l'approche d'une pente suspecte, garder en mémoire que le plus sûr chemin est de l'éviter, et si cela n'est pas possible, l'observation de la neige en profondeur pourra alors apporter des compléments d'information.
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3X3 AVALANCHES - La gestion du risque dans les sports d'hiver
Un ouvrage de référence pour toute personne désirant accéder à l'autonomie en ski de rando, raquettes ou hors pistes.
Werner Munter - Éditions Club Alpin Suisse - Livre broché, souple - 224 pages.
NivoTest 2
"Règle à calcul" pour l'estimation du risque d'avalanche, le nivotest est une sorte de "règle à calcul" de poche pour l'estimation du risque d'avalanche sur un itinéraire donné.